Laurence témoigne de son accompagnement
Dans la suite d'un travail d’analyse sur la politique des aides du Secours Catholique, la délégation a sollicité le témoignage des personnes qu'elle accompagne, afin qu’elles nous aident à sa relecture... Laurence parle du soutien qu'elle reçoit des bénévoles pour surmonter les difficultés qu'elle rencontre.
« Par cette lettre, je viens apporter mon témoignage pour que vous puissiez comprendre et analyser ce que vit et ressent une personne dans la détresse.
Suite à un gros problème familial, j’ai été dirigée vers le Secours Catholique. Ma vie a basculé du jour au lendemain. Mon mari nous a abandonnés mon fils et moi, en nous laissant de grosses dettes. J’ai subi l’intervention des huissiers et des services de gendarmerie. Tout nous a été saisi. Mon mari est parti se réfugier à l’étranger pour se cacher et pour ne pas avoir à assumer ses responsabilités. Il est le seul responsable de ce désastre. Je me retrouve avec des sommes astronomiques à rembourser (il avait une société). Je suis allée voir une assistante sociale pour avoir de l’aide car notre situation est telle que, même nous nourrir, m’est devenu impossible. Et me voilà au Secours Catholique.
Ce fût pour moi,une épreuve très dure. J'étais anéantie, assise dans la voiture, je pleurais toutes les larmes de mon corps et pensais ne pas avoir le courage de franchir la porte, j’avais envie de repartir, mais il y avait mon fils aussi. J'ai dû malgré tout me battre pour lui. J’avais tellement honte de moi, de ma situation, j'ai dû me raisonner et accepter l’aide que l’on va m’apporter, je n’avais pas le choix. Trouvant enfin la force de franchir cette porte, j'ai ravalé ma fierté. Je tremblais tellement. J'ai été accueillie par des dames avec des regards remplis de douceur, de bonté. Cela m'a rassurée.
Nous nous sommes isolées dans une pièce et elles m’ont expliqué leur rôle, le déroulement, l’organisation. On a établi un bilan de ma situation. Et surtout, personne ne m'a jugée, on m’a écoutée, on m'a souenuet. Malgré ma honte et mon mal-être, j'ai trouvé en elles la bienveillance. C'était très dur pour moi d’expliquer mon parcours malheureux, mais j'ai dû affronter ma peur et mettre mon humiliation de côté. Les dames sont si gentilles, si chaleureuses, elles m'ont fait comprendre que je n'étais pas seule, que de l’aide me sera apportée. Une aide pas seulement alimentaire mais aussi une aide de soutien, de paroles.
J’ai vraiment beaucoup de mal avec cette situation, mon moral et mon avenir sont tellement noircis. Mais voilà, même si ma vie, et celle de mon fils, sont dévastées, je vais devoir vivre ainsi désormais et faire tout mon possible pour garder la tête hors de l’eau. Je le dois, pour mon fils. Cela fait un bon moment que mes rendez-vous avec ces dames se font. À chaque visite, je suis accueillie par des sourires, des visages familiers maintenant.
Ces dames, bénévoles au grand cœur, n’ouvrent pas seulement une porte d’accès à un magasin alimentaire, elles prennent le temps de parler, d’échanger. Au fil du temps, une relation amicale s’installe, je n’hésite pas à confier mes soucis, mes problèmes et je trouve auprès d’elles du réconfort et une écoute attentive.
Ce moment où je reçois mon panier est pour moi une bouffée de positif. Personnellement, mon fils et moi, nous ne devons notre survie alimentaire que grâce à ce soutien. Bien souvent, le panier est agrémenté de bien jolies douceurs, les dames font le maximum pour rendre ce moment de retrait un moment convivial. Tout est fait et mis en place dans des locaux toujours très propres, accueillants. On se sent bien à ce moment-là, j’arrive à oublier la situation dramatique de ma présence.
Un grand merci à vous tous. Un grand merci à toutes ces formidables bénévoles qui m’accueillent et qui m’apportent tellement.
Merci de prendre sur votre temps, sur vos vies de famille pour aider les personnes en détresse. Merci de tant de bienveillance. Merci d’être là. Merci de votre aide et de votre soutien. Merci du fond du cœur. »