Témoignage : à la prison de Lavau, on est là pour écouter, accueillir, et simplement être là.
Depuis 2012, Claude est bénévole au Secours Catholique. Aujourd’hui engagé dans l’équipe d’accueil des familles à la maison d’arrêt de Lavau, près de Troyes, il témoigne de son expérience unique, sensible et profondément humaine. Un engagement discret, mais essentiel, auprès de ceux qu’on oublie trop souvent : les familles des personnes détenues.
Qu’est-ce qui vous a motivé à devenir bénévole au Secours Catholique ?
Je suis à la retraite, et j’ai toujours eu ce désir d’accompagner les gens. J’avais déjà été engagé dans l’accompagnement scolaire, alors quand on m’a parlé de cette mission d’accueil à la prison de Lavau, j’ai tout de suite dit oui. Le Secours Catholique a répondu présent pour créer ce lieu d’accueil des familles qui attendent de voir un proche incarcéré. Pour moi, c’était une évidence : j’avais envie de me rendre utile.
Depuis combien de temps êtes-vous engagé sur cette mission ?
Depuis octobre 2022, je fais partie de cette belle équipe. Nous sommes environ 20 bénévoles aujourd’hui, pour assurer 10 créneaux d’accueil par semaine, du mardi au samedi matin. L’idéal serait d’être 40… car les besoins sont bien réels, et grandissants.
En quoi consiste votre rôle à Lavau ?
On accueille les familles juste avant leur parloir, dans un espace chaleureux et neutre, géré par le Secours Catholique. On est là pour informer, pour écouter, pour rassurer. Beaucoup de gens sont perdus dans les démarches : permis de visite, papiers, incompréhension des règles, parfois même difficulté à lire ou écrire.
Mais on est aussi là pour simplement parler, être une oreille bienveillante. Et souvent, cela suffit à soulager une tension, à libérer une parole, à réchauffer un cœur. Certaines familles repartent avec le sourire, soulagées.
Avez-vous vécu des moments marquants ?
Oui, plusieurs. Il y a ces trois “cahiers d’or” que nous avons à l’entrée du lieu d’accueil. Les familles y laissent des messages très touchants, parfois bouleversants. Elles nous remercient pour notre écoute, notre présence. C’est là qu’on voit que notre rôle, même discret, fait une vraie différence.
Quelles sont les valeurs qui vous portent dans cette mission ?
Avant tout, l’écoute, la bienveillance, l’absence de jugement. À Lavau, tout le monde est le bienvenu, quelles que soient ses origines, son histoire, ses émotions. On ne juge pas, on accompagne. Et dans un lieu aussi chargé émotionnellement qu’une prison, cette posture fait toute la différence.
Quel est, selon vous, l’impact de votre engagement ?
On crée du lien. On aide les gens à comprendre ce qu’ils vivent, à traverser une situation difficile. On allège la solitude, on répond aux questions, on est un point d’ancrage. Et puis on donne aussi un peu de chaleur humaine, même au cœur d’un lieu souvent perçu comme froid ou dur.
Comment décririez-vous l’ambiance au sein de l’équipe ?
Excellente. Il y a une vraie cohésion, une volonté commune de soutenir les autres. On s’organise bien, on se relaie, on s’écoute aussi entre bénévoles. C’est un cadre serein et solidaire, et ça compte énormément pour durer dans l’engagement.
Que diriez-vous à une personne qui hésite à devenir bénévole ?
Qu’il ne faut pas avoir peur. On pense parfois qu’on ne sera pas à la hauteur, qu’on n’a pas le bon profil, mais en réalité il suffit d’être là, d’écouter, d’accueillir. Et chacun donne le temps qu’il peut. Il n’y a aucune obligation, seulement une porte ouverte, un relais à passer. Toute aide est précieuse.
Comment conciliez-vous cela avec votre vie personnelle ?
Je suis à la retraite, donc j’ai plus de liberté. Mais même quand on travaille, il est tout à fait possible de trouver un créneau par semaine. On fonctionne en équipe, ce qui permet une certaine souplesse. Et c’est un engagement qui fait du bien, personnellement aussi.
Trois mots pour résumer votre expérience ?
Écoute, confiance, humanité. Et je rajouterais peut-être : continuer. Parce qu’il y a encore tellement à faire pour ceux qui en ont besoin.