À Troyes, un café fraternel ouvert à tous
En plein centre-ville, “Le Fraternel” accueille les habitants de Troyes, qu’ils soient isolés, en précarité ou simplement désireux de se “poser”, boire un thé, ou être en lien.
« J’ai découvert l’endroit en marchant dans cette rue passante, témoigne Pierre, 27 ans, petite barbe, lunettes, et chemise à carreaux. Depuis, je reviens régulièrement en sortant du boulot, ça crée une habitude ». Le jeune homme a commandé au comptoir un sirop de griottes. « C’est bien, c’est de saison », sourit-il, en gagnant l’une des tables du café.
Un emplacement de choix en coeur de ville, de larges baies qui font entrer le soleil printanier, un mobilier en bois clair “cosy”, un comptoir tenu par d’aimables bénévoles : le café solidaire Le Fraternel, inauguré par le Secours Catholique à l’automne 2023, a de quoi séduire. Cela tombe bien : il est ouvert à tous, personnes en précarité ou non, habitants et travailleurs du quartier, étudiants, personnes âgées…
« Je suis professeur de Français langue étrangère à mon compte. Avant de rentrer chez moi, j’ai besoin d’une pause pour me changer les idées, poursuit Pierre. Ici, je peux me poser, avoir un échange, même rapide, et une boisson pour seulement 1 euro. C’est économique, et le lieu est beau, pas stigmatisant. » Pudique, Pierre ajoute qu’il traverse « un moment de turbulences » dans sa vie. « J’ai trouvé ici un lieu "ressource", calme. »
« On se rend compte à quel point les personnes ont besoin de parler ! »
Dans le "coin salon” aux coussins verts et doux, Isabelle et Jean-Pierre, un couple de 58 et 57 ans dont on devine le quotidien modeste, bavarde avec Marie-Noëlle, l’une des trois bénévoles assurant l’ouverture du café en ce mercredi après-midi. « Ici, c’est notre place réservée », dit en riant Isabelle, qui porte un masque et s’appuie sur une béquille. « Les gens ici sont tous accueillants, on est bien, on vous écoute », observe Jean-Pierre. Il y a une confiance ». Le couple passera tout l’après-midi là. « On se rend compte à quel point les personnes ont besoin de parler, confirme Marie-Noëlle. Parfois, on est de parfaits inconnus pour elles, et elles nous livrent toute leur vie ».
L’écoute, l’échange, l’accueil de l’autre sans préjugés : c’est la raison d’être du Fraternel. La vingtaine de bénévoles qui se relaient pour l’animer les jours d’ouverture servent cafés, thés, chocolats chauds (bio ou équitables, grâce à un partenariat avec Artisans du Monde) et sirops de toutes sortes pour 1 euro donc (30 centimes pour ceux qui sont dans la difficulté). Mais surtout, ils vont vers les clients, entament la conversation, prêtent une oreille attentive.
Michelle s’est attablée en face de Clément, un habitué. Ce dernier souffre d’un handicap moteur qui freine son élocution. « Je suis isolé socialement, confie-t-il. J’ai 45 ans, et à cet âge, les gens sont souvent en couple ou en famille, ils n’ont pas beaucoup de temps à consacrer à d’autres relations. Avec mon handicap et mes difficultés pour communiquer, je suis en décalage. Alors venir ici me permet de voir du monde, de discuter… Bref, de passer un bon moment ».
- Mardi, mercredi, vendredi, samedi : 14 h 30 à 18 h
- Jeudi : 10 h à 12 h
- 3ème dimanche du mois de 14 h 30 à 18 h